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La question du transport urbain à Dakar

ENTRETIEN AVEC MOMAR FAYE

Momar Faye est le superviseur du GIE DAROU SALAM qui regroupe des opérateurs ou ceux qui détiennent des bus. Après un premier rendez-vous manqué (car c’est un homme très occupé), nous avons finalement décroché un entretien avec lui au garage de Petersen où sont parqués plusieurs minibus « Tata » dans l’attente d’un départ imminent pour Dakar et sa banlieue. Le thème de notre entretien va porter sur « Le transport urbain à Dakar ».

Quel constat faites-vous du transport urbain à Dakar ?
Il y a une amélioration du transport urbain depuis 2000, période de l’alternance. Les routes sont mieux structurées et le parc automobile est plus moderne. Les minibus « Tata » consistent à satisfaire un programme initié par le président de la République et qui s’appelle le Programme d’Amélioration de la Mobilité Urbaine (PAMU) pour essayer de satisfaire au maximum le transport à Dakar. Bien que l’objectif majeur ne soit pas atteint, on remarque une nette amélioration.

Quel sont les organisations qui s’occupent du transport urbain ?
Vous savez, notre système de transport est bien organisé parce que nous avons un personnel qualifié. Nous au niveau des gares des régulateurs qui organisent l’ordre des départs, qui contrôlent la régularité de tous les bus, des superviseurs qui veillent au respect des consignes données par les responsables. Le personnel comprend grosso modo les receveurs, les chauffeurs, les contrôleurs et les régulateurs.
Pour les organisations qui s’occupent du transport, il y a l’Association pour le Financement du Transport Urbain (AFTU) et tous les GIE sont regroupés autour d’elle. L’AFTU est composée d’un président, d’un secrétaire général et d’un trésorier. Tout cela se passe sous l’égide du Centre d’Etude des Transports Urbains de Dakar (CETUD) qui forme le personnel des « Tata » : apprendre aux receveurs la tarification, le sectionnement et ce sont des éléments qui permettent de mieux favoriser la bonne marche des désirs chers au chef de l’Etat à savoir le déplacement fluide des usagers du transport. Avant, pour quitter la banlieue et venir à Dakar, il fallait prendre trois fois le « car rapide ou le Ndiaga Ndiaye ». Maintenant, avec les minibus « Tata » tout cela est révolu.

Est-ce que vous voulez dire par là que les bus desservent désormais toutes les localités de la capitale ?
Les bus ne desservent pas entièrement toutes les localités, il y a des zones qui restent parce que ce projet, initié en accord avec la Banque Mondiale, est en phase test. En effet, les 505 bus de notre parc automobile ne peuvent pas satisfaire la seule ville de Dakar, encore moins sa banlieue. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a un nouveau programme dont je ne suis pas tellement informé mais qui concerne l’arrivée de nouvelles marques de minibus et ce sera le fruit d’un partenariat entre l’AFTU et un pays asiatique. Cependant, je n’ai pas d’informations sur la date, le nombre, ni la capacité de contenance des véhicules qui vont, j’en suis certain, combler le vide qui existe dans le transport à Dakar.

Pouvez-vous nous parler du nombre de GIE existant ?
Il existe une dizaine de GIE mais le plus important c’est le GIE Darou Salam (non pas que je veuille me jeter des fleurs) parce que nous avons plus de bus et plus de lignes à desservir. Nous avons huit lignes pour tout Dakar dont quatre au niveau de la banlieue, plus particulièrement à Guédiawaye.

Qu’est ce que AFTU et pourquoi l’avoir créée ?
AFTU organise les GIE parce que pour tout projet il faut des fondements solides. Elle regroupe les différents opérateurs (GIE), ceux qui détiennent des bus, des actionnaires...Ces personnes vont de manière régulière au siège, qui se trouve à Sacré-Cœur, pour mener à bien le travail ou les activités qui s’y déroulent. Au niveau de l’association, il y a un bureau composé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire général et de plusieurs membres. Chacun a un rôle à jouer et au niveau du siège se trouve un personnel qui gère le fonctionnement administratif. Ces personnes sont à l’origine de l’avancée de cette association florissante qu’est l’AFTU.

Existe t-il des différends au sein de votre association ?
Il en existe forcément mais pas au niveau des gérants de l’AFTU. C’est au niveau des acteurs ou si vous voulez, du personnel des bus que des problèmes existent. Quand on établie pour un chauffeur une ligne à respecter et qu’il emprunte la ligne d’autrui, il existe ce qu’on appelle une ingérence qui est contraire à la politique définie par l’AFTU qui cherche, avec l’aide du CETUD, à faire respecter les lignes existantes. Le CETUD a en son sein des experts, des personnes bien formées et ces dernières gèrent les infrastructures, aménagent les gares routières et mettent de tableaux d’arrêt aux zones concernées. Là aussi, on remarque qu’il y a certains manquements parce qu’il existe des gares pas bien aménagées et des arrêts qui n’ont pas de tableau.

Quels sont les critères d’obtention d’un bus Tata ?
Avant de répondre à cette question, je voudrai ajouter que l’un des objectifs de l’AFTU est aussi de faire en sorte que les « Ndiaga Ndiaye » et les « cars rapides » sortent peu à peu de la circulation. Et pour ce faire, nous incitons les propriétaires de ces véhiculent à se doter des minibus « Tata » qui sont de meilleure qualité.
Pour en revenir à votre question, pour les personnes qui veulent obtenir un minibus, s’il s’agit de propriétaires de voitures de transport en commun, il faut la licence du véhicule que l’on va mettre en gage pour avoir un minibus. Enfin, je crois que ça se passe ainsi car... vous savez, les modalités d’acquisition d’un minibus ne relèvent pas de mon domaine.

Quels sont les problèmes auxquels les GIE sont confrontés ?
Nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes et c’est le plus souvent de la faute du personnel comme des usagers. Il doit normalement y avoir une entente entre les acteurs et les usagers du transport. Les bus sont mis à la disposition des usagers pour remédier à leurs problèmes de déplacement mais ceux-ci regrettent le fait que les véhicules soient parfois bondés au point de ne plus circuler à l’aise à l’intérieur : ceux qui veulent sortir, à l’arrêt du véhicule, sont bloqués à l’intérieur parce que ceux qui veulent entrer bloquent le passage et ne leur laisse pas le champ libre. C’est pourquoi les clients nous reprochent de prendre trop de personnes à bord. Mais, il faut comprendre que nous sommes dans un pays sous-développé et que les minibus ne sont pas en nombre suffisant. Il y a également un problème au niveau des arrêts car il arrive que des clients veuillent descendre avant ou après avoir dépasser l’arrêt. Et cela est dû au fait que les usagers pensent que le mode de fonctionnement des Tata est assimilable à celui des autres cars qui s’arrêtent n’importe où et de manière anarchique. Le personnel veille toujours à l’hygiène et à la salubrité des minibus car il y a au niveau des gares des équipes de nettoyage qui sont chargées de laver les bus et de nettoyer les gares. Mais ce qu’on constate, c’est que lorsque les minibus font un voyage et reviennent au bout d’une ou de deux heures, c’est comme si ils n’étaient jamais passés au lavage. La faute revient aux usagers qui mangent dans les bus, qui jettent des cacahuètes ou des peaux de bananes et crachent par terre.

Quelles solutions préconisez-vous pour remédier à ces problèmes ?
Nous avons mis en place des campagnes de sensibilisation pour le respect du règlement intérieur des GIE par le personnel comme les usagers. Par rapport aux clients, des affiches à l’intérieur du véhicule leur interdisent de parler au chauffeur ou de fumer dans les véhicules. Cependant, ces règles ne sont respectées que par quelques uns car le reste fait fi des restrictions. Pour le personnel qui enfreint les règles, des sanctions sont prévues. Par exemple, pour le chauffeur qui commet une faute, on déduit une certaine somme de son salaire ou il est suspendu pour quelques jours.
Quelles sont vos relations avec le gouvernement ?
Les rapports entre les GIE et le gouvernement ont apporté beaucoup de changements (en bien évidemment) dans le transport urbain. L’Etat a tout mis en œuvre pour moderniser le transport et nous aide beaucoup. La preuve, le CETUD est une initiative du gouvernement.

Quelles sont vos perspectives ?
Les perspectives sont de toujours multiplier le nombre de bus car c’est important, aménager de mieux en mieux les gares et les arrêts qui posent en ce moment tellement de problèmes parce qu’il y a des arrêts où les autres véhiculent de transport en commun viennent se stationner car il n’y existe pas de tableau d’arrêt. Ensuite, la formation du personnel doit être améliorée pour éviter à l’avenir les formations sur le tas car les divergences entre les usagers et le personnel relèvent tout simplement d’un manque de formation de ce dernier.
AFTU est un projet en phase test et plus on avance, plus on constate les lacunes et on essaye de les corriger. Je rends compte aux partenaires de différents problèmes rencontrés et c’est comme ça que l’on s’améliore au point d’avoir une satisfaction complète. Plus on avance, plus les problèmes se rectifient pour le plus grand bien des acteurs du transport urbain et des usagers en particulier.

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