Alioune Touré Dia, professeur de télévision au Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'information (CESTI) est décédé hier matin, des suites d'un malaise, à l'hôpital Abass Ndao où il avait été transporté d'urgence.
Étudiant de la 8 ème promo du CESTI (1977-80), M. Dia s'était rendu en France à la sortie de l'école de journalisme pour un troisième cycle sanctionné par un doctorat en communication. depuis lors, il est rentré au Sénégal pour dispenser des cours de télévision au CESTI où il s'occupait des élèves de la première année. A ce propos, il m'a eu comme prof et ma promotion a eu la chance d'être la dernière à qui il aura enseigné. C'est une grande chance pour nous de l'avoir connu et tout ce que je peux dire c'est qu'il était d'une gentillesse démesurée car il n'était pas seulement notre prof, il était aussi un ami, un père pour nous ; toujours prêt à nous écouter, à nous épauler et à nous donner de bons conseils, nous faisant profiter de ses expériences professionnelles. Il nous racontait parfois des anecdotes très drôles sur sa vie , son parcours (en France ou dans d'autres pays du monde) et les gens qu'il a eu à rencontrer dans certains pays. Grâce à lui, nous avons pu effectuer un petit voyage dans le temps pour vivre avec lui son époque, les habits qui étaient à la mode et c'était une personne élégante, raffinée et très courtoise. Au risque de me répéter, M. Dia était d'une gentillesse incommensurable, une qualité qui se fait rare de nos jours. Dans les couloirs de l'école, il prenait toujours le temps de saluer ceux qu'il croisait, de s'enquérir de l'état de santé d'un tel, des activités d'un tel autre...
Même dans la classe, je me rappelle du jour où Marie Henrie, une copine de classe était malade et avait dû s'absenter, il demandait tous les jours de ses nouvelles, de l'amélioration de son état. On rigolait tous lorsqu'il appelait Firmin Éric, étudiant dans notre classe, "Firmine". Pour se justifier, il disait toujours qu'il avait connu un homme qui s'appelait comme ça. Le pauvre Firmin l'a rectifié tellement de fois qu'il a dû se résigner à être appelé "Firmine". Tellement de bons moments se sont passés avec lui dans notre salle...ces cours étaient un moment de joie, de volupté et de pur plaisir. La première fois qu'il a su mon nom, il m'a demandé si j'étais Awa Ndiaye, la ministre de la femme, histoire de me taquiner un peu. Je lui ai dit que non car elle est claire alors que moi je suis tout noire. Encore d'autres manifestations de sa gentillesse...Au décès de la grand-mère de Sokhna, dès qu'on le lui a dit, il s'est empressé de lui présenter ses condoléances quand celle-ci est revenue à l'école. On le surnommer gentillement "M. topo" car c'était son mot fétiche, il l'utilisait plusieurs fois durant le cours. Au début on s'amusait à compter le nombre de fois qu'il utilisait ce mot mais finalement, on s'est résignés puisque qu'on ne voulait pas passer une éternité à compter. Notre promotion a eu une chance inouï de l'avoir eu comme prof car il nous a fait profiter de sa sagesse, de son expérience en tant que professionnel de l'information et de la communication. Grâce à lui, nous aimons plus la télévision qui est devenu pour nous, à ses côtés, un médium passionnant. On ressentait de la joie, de l'excitation, quand il nous disait d'aller en studio de télé pour faire passer nos informations. On était comme une mer déchaînée et on courait dans tous les sens, dans le hall ou dans le couloir, pareils à un troupeau dispersé. Avec Alioune Touré, la sévérité n'avait pas sa place, la dureté ne faisait pas partie de notre quotidien. Nous étions ses amies et ses remarques ou ses réprimandes s'accompagnaient toujours d'un sourire candide, d'un regard attendrissant et d'un calme olympien. Il dispensait toujours de bons conseils, pratiques, pour nous permettre d'être bien en télé. "Il faut s'asseoir droit...Regardez la caméra de temps à autre...Pas de maquillage trop vulgaire, ni d'habits obscènes...Il ne faut jamais se lever avant que vous ne soyez hors antenne...Lorsque j'écris ces quelques phrases pour vous, mon prof adoré, ma douleur est encore présente. Je ne peux croire que vous ne soyez plus parmi nous...mais vous êtes à jamais dans nos coeurs et vos enseignements resteront à jamais gravés dans notre mémoire. Nous ne vous oublierons pas car la 39 ème promotion du Cesti, ainsi que tous ceux qui vous ont connu, ceux qui ont eu à croiser votre chemin, au même titre que votre famille, vous aiment et vous n'oublieront jamais dans leurs prières. Alioune Touré Dia, dans notre coeur pour toujours.
Fatiha + 11 likhlass
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