Les multi-services, une entreprise rentable
Les boutiques spécialisées dans la
prestation ou l’offre de services pullulent à chaque coin de la capitale. Une
activité qui, il y a quelques années attirait peu de monde, est devenue l’attraction
de certains sénégalais qui optent pour un investissement sans risques ou
générant assez de revenus.
Anta, la
trentaine, teint clair et à la démarche nonchalante se rend dans une boutique
tout juste en face de chez elle. A l’intérieur, deux agents, dans leur siège
s’activent pour prendre, à tour de rôle les clients tantôt pour un transfert
d’argent, tantôt pour la bureautique ou l’achat de produits divers. Elle se
dirige vers l’un d’eux munie d’une feuille qu’elle tend à son
interlocuteur. « Je viens payer ma facture d’eau et aussi mettre un
peu de crédit sur mon compte » dit-elle à l’agent, un jeune homme au
visage surmonté d’une paire de lunettes et qui ne quitte presque pas des yeux
l’écran de son ordinateur. En moins de 5 mn, le bonhomme fait la transaction et
remercie Anta qui tourne déjà les talons en direction de la sortie. Cette
boutique, comme tant d’autres à travers la capitale, sont appelés
« multi-services » pour la plupart à cause des offres de prestations qui
y sont faites. Celles-ci vont du transfert d’argent, du paiement de factures, à
la prise de rendez-vous, à l’assurance, bref autant dire qu’il s’agit d’une
entreprise « fourre-tout » parce que la liste est loin d’être
exhaustive. « En tout cas j’y trouve mon compte parce que je n’ai plus
besoin d’aller faire la file indienne à la SDE ou à la SENELEC pour payer mes
factures. Et à partir de mon compte téléphonique, je peux faire certaines
transactions ; il me suffit juste d’y
mettre de l’argent » nous dit Anta. « C’est vraiment pratique
d’avoir ces boutiques juste à côté mais la seule chose que je déplore ce sont
les problèmes de connexion qui empêchent les gens de faire certains paiements
ou transfert » déplore Lamine Hann, un habitué de ces lieux.
« On offre
pleins de services ici même si le génie civil est plus notre domaine puisqu’on
fait dans le bâtiment » nous confie SaÏbatou AÏdara, gérante depuis 6 mois
d’un multi-service. « C’est en tout cas
un domaine qui attire beaucoup d’investisseurs et de partenaires et pour
démarrer ce business, pas besoin d’avoir un gros capital » nous confie-t-elle.
Justement, non loin de là, cette autre propriétaire de boutique, « Bali
services » à l’enseigne, nous révèle qu’elle a démarré avec un petit
capital de 700000 FCFA. « Les agréments de la plupart des services de
transfert d’argent sont sans caution ; ce qui nous a permis de démarrer
avec eux comme partenaires dans cette aventure. Il y a aussi les autres
services comme l’assurance, la bureautique, la vente de cartes et d’unités de
courant qui ne demandent pas autant de fonds. De plus, j’ai une vitrine pour
exposer les tissus, parfums et autres produits qui pourraient intéresser ceux
qui franchissent la porte. Bref, j’ai démarré sans trop forcer » nous
précise Mme Diop.
Une concurrence parfois déloyale mais sans
trop d’impact
Avec des
multi-services qui naissent à chaque coin de rue, il est inévitable d’aborder
la question de la concurrence qui pourrait avoir un impact sur les revenus.
Dans ce seul quartier du Point-E, on compte près de 8 établissements de
propositions de prestations, souvent les uns à quelques mètres voire quelques
pas des autres s’ils ne sont côte à côte. Cette situation invraisemblablement impacte
peu sur le bénéfice de ces commerces à en croire leurs
propriétaires. « La concurrence ne gêne pas du tout. La différence se
fait au niveau de l’offre de qualité des services et aussi l’accueil parce
qu’il faut bien recevoir les clients car c’est grâce à eux qu’on génère des
profits » nous dit SaÏbatou AÏdara. « Les fins de mois et les jours
de fête sont des périodes vraiment favorables pour cette affaire. On vend
beaucoup plus » soutient Mme Diop.
Un partage des recettes quelquefois
inéquitable
Cependant, cette
industrie comporte quand même son lot de problèmes : des commissions sur
les opérations de transfert jugées trop peu par les gérants ou propriétaires.
« Nos partenaires spécialistes du transfert d’argent, locaux ou
internationaux, nous offrent entre 22, 26 ou rarement 50% de commissions et c’est
assez peu pour moi » regrette Mme Diop. Mais avec les autres services
proposés à la clientèle, les propriétaires de ces petites entreprises gagnent
bien leur vie.
« Notre
société offre la meilleure commission en termes de collaboration avec les
multi-services. Les recettes sont divisées à part égale c’est-à-dire
50-50. Donc un partenariat gagnant-gagnant. » Nous confie un agent
marketing d’une structure de téléphonie non loin de l’Avenue Cheikh Anta Diop.
Au Sénégal, le
multi-service a de beaux jours devant lui même si les possesseurs de ce genre
d’entreprises déplorent souvent l’insécurité dont ils souffrent à cause des
cambriolages, parfois répétés, dans certains secteurs de la ville. Toutefois,
le bénéfice profitant à la structure qui offre davantage de prestations, la
course aux idées innovantes est très
importante pour avoir la main mise sur ce secteur.
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